27/05/2009

CAVE CANEM ...

Chers lecteurs, bonjour. Je me rends compte que cet article sera peut-être écrit dans un ton un peu brutal à vos yeux. Je ne vous demande pas de m'en excuser, estimant qu'à l'époque où nous vivons, s'il est de mauvais goût de monter sur la table et de s'exclamer à grands cris, il est bien plus douteux de se contenter de murmures feutrés ou de critiques diplomatiquement adoucies. Au risque de faire chuter la valeur de mon indignation, dont j'espère pourtant conserver la fraîcheur en ces pages, permettez-moi donc de laisser mon ironie dans son fourreau.

Je ne vous découvre rien en rappelant que la sécurité est le principal cheval de bataille de la droite. C'est en brandissant cet épouvantail que depuis des décennies, les membres les plus malhonnêtes et les plus antipathiques de notre classe politique sont parvenus à faire oublier leurs bilans et à se maintenir au pouvoir en faisant avaler à leur électorat la plus amère des pilules. Cela, nous le savons bien. Certains ajouteront même que c'est le défaut de la gauche dans ce domaine qui laisse la voie libre à ses adversaires. C'est une autre question, qui mérite indéniablement d'être débattue.

En tout état de cause, l'échec de Lionel Jospin en avril 2002 provient bel et bien du contre-coup émotionnel du 11 septembre, et surtout de l'offensive impressionnante des médias qui ont brandi à l'envi agressions, chiffres inquiétants et images sensationnelles. Ils n'ont pas inventé ces faits, me rétorquera-t-on. Certes, mais la violence augmente-t-elle si sensiblement à la veille d'une élection ?

Quelle n'a pourtant pas été ma surprise ce matin, lorsque j'ai connecté les points que me fournissaient France Info, que je n'accuserais pourtant pas de soutien indéfectible à notre gouvernement (pas tant que la patte du nouveau président de Radio France ne s'est pas encore fait sentir, du moins).

Ainsi, les informations débutaient par des considérations sur les formidables errances du ministre de l'éducation, que j'ai déjà mentionnées en ces pages. Je croyais alors que ces déclarations ineptes n'étaient qu'un écran de fumée qui s'évanouirait aussi vite qu'il était apparu. Le journal se poursuivait en rappelant que la ministre de l'intérieur présentait ce matin en conseil des ministres sa loi sur la sécurité intérieure. Je ne pourrais mieux formuler les choses que le site-même de France Info, où l'on peut lire : "Avec la loi Lopsi II (loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure), Michèle Alliot-Marie ratisse large. (...) La ministre a d’ailleurs picoré ses idées au gré des évènements, des conférences et des visites qu’elle a effectué pour étoffer son texte."

Surpris par cette étonnante continuité thématique, la proximité des élections européennes m'est alors revenue ... O temps, O moeurs, dans quel pays vivons nous ? Doit-on s'attendre à voir avant chaque scrutin une poignée de sicaires s'agiter frénétiquement pour raviver les flammes du sentiment d'insécurité chez nos concitoyens ? Et de manière si ostensible ? Comment réagirions-nous si nous voyons une bande de gangsters sans masque ni armes dévaliser une banque en plein jour, au vu et au su de tous, et charger avec insouciance leur butin dans un fourgon louche stationné sur le trottoir ? Nous serions sans doute estomaqués par leur audace, et resterions bouche bée. Mais comment devrions-nous réagir ?

Le plus regrettable est sans doute que cette escroquerie intellectuelle porte de si beaux fruits. Mais le fait qu'elle ne soit pas nouvelle ne lui donne aucune légitimité ! Je m'adresse peut-être à un mur, je crie peut-être dans le désert. Que diable, certains en font un métier ... Je ne peux pourtant garder le silence. Les élections prochaines ne me semblaient pas hier avoir une telle importance, mais il m'apparaît aujourd'hui que chaque scrutin doit nous permettre de crier notre refus total de ce dévoiement des règles du jeu démocratique.

C'est notre responsabilité de dénoncer inlassablement cette manipulation éhontée de l'opinion, d'en marteler sans cesse les détails et d'en dévoiler les procédés. Aux plus endurcis de nos détracteurs, rappelons que les fanfarons qui nous gouvernent tiennent le même discours depuis des décennies, et qu'à les entendre, la situation ne cesse d'empirer, alors même qu'eux-seuls sont en position d'agir (la loi Lopsi I date de 2002, on voit quels ont été ses résultats ...). Il faut montrer qu'ils évitent bien de résoudre les problèmes qu'ils dénoncent, et qui leur sont finalement si utiles, et que pour eux, il s'agit bien moins de faire que de dire.

Chaque citoyen, chacun de nous a un rôle à jouer. J'essaie bien humblement, par ce message, de jouer le mien.

Bien à vous.





1 commentaire:

  1. En effet, la violence de ces propos est presque ... débectante. Que d'insultes et de vulgarités! Surveillez votre langage, sans quoi je réduirai l'audience prêtée à votre blog de 25% par ma seule défection...

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