22/05/2009

Quelque pas avec Constantin Cavafy ...

Constantin Cavafy est un poète de langue grecque, originaire d'Alexandrie, né en 1863 et mort en 1933. Son oeuvre, de taille assez réduite, est emplie d'une culture hellénique enrichie par sa non-appartenance à l'espace grec traditionnel tel que nous le concevons actuellement (au risque d'une forme d'anachronisme).

En effet, si certains grands noms de la culture grecque classique apparaissent de loin en loin dans ses poèmes (Sparte, les Thermopyles, Ithaque ...), une plus grande partie de l'œuvre s'ancre dans un espace moins bien connu de nous, qui s'étend des royaumes hellénistiques à l'empire byzantin. Tous ses lieux ne sont d'ailleurs pas explorés pour eux-mêmes, mais en ce qu'ils créent une atmosphère de luxe et de décadence où le poète peut peindre la vanité des élites, l'instabilité de la fortune, et surtout son amour de la beauté et des passions physiques. Alexandrie-même, à travers différentes incarnations historiques, représente évidemment le sommet de cette ambiance, où se mêlent mœurs grecques et orientales, christianisme et paganisme, préciosité intellectuelle et volupté charnelle.

Une autre face de cette oeuvre nous paraît plus immédiatement touchante, mais il serait évidemment faux de la dissocier de la précédente. Le poète s'y dépeint comme un vieil homme repassant en son esprit les amours illicites de sa jeunesse, ou bien se contente d'esquisser de furtives rencontres ou de jalouses brouilles, en autant d'histoires banales où l'on retrouve avec une justesse touchante l'épopée quotidienne des corps et des sentiments humains.

La traduction française de ces textes (je ne maîtrise malheureusement pas le grec moderne), nous fait probablement perdre beaucoup de leur mélodie, leur donnant parfois l'air de poèmes en prose, mais qui s'en plaindrait. Aussi laisserai-je parler le poète, en vous offrant un de ces textes, et en vous conseillant bien humblement d'aller découvrir les autres ...

Une nuit

La chambre était pauvre et commune,
cachée en haut de la taverne louche.
Par la fenêtre, on voyait la ruelle
malpropre et étroite. D'en bas
montaient les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et s'amusaient.

Et là, sur cette couche humble et vulgaire,
je possédais le corps de l'amour, je possédais
les lèvres voluptueuses et roses de l'ivresse -
roses d'une telle ivresse, que même en ce moment
où après tant d'années ! j'écris,
dans ma maison solitaire, je m'enivre à nouveau.

C. P. Cavafy, (traduction G. Papoutsakis).

Pour finir, je remercie très chaleureusement la personne qui m'a fait découvrir ce poète. Il me paraissait intéressant que ce blog soit aussi un lieu d'échanges de cette nature. Bien à vous !




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