10/04/2011

Vers une encyclopédie subjective : Glauquer

Glauquer :

Verbe du premier groupe à la construction fluctuante. Première occurrence au milieu des années 2000 dans l'expression : "Tu me glauques de la bouche", qui signifie "Tu as mauvaise haleine". Glauquer se construit alors avec un C.O.D. et une sorte de génitif d'origine, et signifie littéralement dégager une mauvaise odeur. Cette expression étant elle-même issue d'une mauvaise compréhension de la formule "Tu me l'ôtes de la bouche". En ce sens, et très rarement, le verbe est employé absolument : "Tu glauques" (in Corbin, le Miasme et la jonquille).

Par la suite, le sens du mot s'élargit pour recouvrir un vaste spectre sémantique et se rapprocher de "dégrader", "gâcher", "salir", avec un assouplissement de la construction, qui devient strictement transitive, mais qu'on peut assortir, le cas échéant, d'un C.C. de moyen ou de manière : "Tu as glauqué ta chemise avec des spaghettis".

Le verbe prend ensuite le sens de "gêner", "déranger", "causer un agacement quelconque" ("Cesse de nous glauquer avec tes questions idiotes"). Puis, utilisé avec un pronom, de "se tromper" ("Tu t'es encore glauqué, apprends à lire une carte", NB : le puriste dira plutôt "Tu as encore glauqué ton itinéraire de tes piètres compétences de navigation").

Encore largement méconnu, le verbe "glauquer" symbolise le droit inaliénable des peuples au néologisme et à un enrichissement raisonné du langage. Il représente également un certain danger en tant que son emploi commode et la dilution de son sens premier peuvent mener à la disparition de ses nombreux synonymes, parfois plus adaptés. On pourrait songer à une mise en garde du type "Glauquer glauque ; à glauquer avec modération".

3 commentaires:

  1. Après avoir lu ce week-end quelques articles sur la fin du monde, c'est agréable de tomber sur quelque chose de frais et de moins glauquant.

    RépondreSupprimer
  2. Il y a un truc qui me chiffonne : "tu glauques" de Corbin arrive après les premières occurrences des années 2000. C'est pas que j'ai envie de glauquer ton texte qui ne m'a point glauqué au demeurant (l'euphémisme de glauquer pourrait d'ailleurs être sujet à développement : tu ne me glauques point), mais bon... ça me chiffonnait.

    RépondreSupprimer
  3. @Mika :

    Ta remarque est particulièrement pertinente, et je te renverrai pour quelques éléments de réponse aux travaux de Pierre Bayard, qui a théorisé le plagiat par anticipation.

    Une autre interprétation plus troublante serait que l'emploi du verbe glauquer conduit à un glauquage du continuum spatio-temporel en y ouvrant de vastes failles malodorantes.

    Il faut appeler les Glauqubusters ...

    RépondreSupprimer